Retour sur… Le Rendez-vous « Biodiversité & Santé » à la Maison de Santé Marie Galène
Le 05 juillet dernier, la Maison de Santé Marie Galène, à Bordeaux, a accueilli une trentaine de personnes lors du « Rendez-vous de la Biodiversité », organisé avec l’Agence Régionale de la Biodiversité Nouvelle-Aquitaine.
Quels sont les liens entre la santé humaine et la santé des milieux naturels ? Comment les prendre en compte dans les politiques santé – environnement et la gestion des territoires ? Comment la nature et la biodiversité contribuent-t-elles à notre santé, notre bien-être, notre qualité de vie ? Quelles actions peuvent-être mises en place par les collectivités, les établissements scolaires ou de santé, les citoyens,… ?
Telles étaient les questions posées aux invités et participants à cette soirée d’échanges, qui s’est déroulée avec la participation de Michelle Rustichelli, Directrice de la Maison de Santé Marie Galène, Alexandra Siarri, Adjointe à la Mairie de Bordeaux et Conseillère régionale, et Alain Dutartre, Président de l’ARB Nouvelle-Aquitaine.
Les premiers échanges ont débuté lors de la découverte du Jardin des Sens, espace de nature urbaine dont la vocation thérapeutique permet aujourd’hui d’accompagner la démarche de soins, le bien-être des patients, de leurs proches et des professionnels. A l’origine du projet : 3 soignantes de l’établissement (dont Brigitte Janjaud, qui commentait la visite) qui ont souhaité donner un sens nouveau au patrimoine historique du parc, en réhabilitant le jardin comme un parcours initiatique apaisant et soignant. Il s’agit d’un travail d’équipe interdisciplinaire, entre les professionnels de Marie Galène et les élèves du BTS du CDFA du Lycée agricole de Blanquefort, pour dessiner les aménagements paysagers en tenant compte des orientations médicales et des enjeux de préservation-valorisation de la biodiversité (choix d’essences végétales locales et non allergisantes, plantation d’espèces médicinales, panneaux pédagogiques pour prendre connaissance des oiseaux présents au jardin et utiliser l’écoute de leurs chants comme un stimuli sensoriel, etc.). « Le Jardin des Sens est une des illustrations de la démarche de développement durable portée par l’établissement », explique Rémy Bironneau, adjoint à la Direction de la Maison de Santé.
La soirée s’est poursuivie par 5 témoignages de professionnels d’horizons divers, de l’environnement et de la santé, mais aussi du paysage et de l’urbanisme, de l’agriculture… Des exemples concrets de pratiques favorables à la santé humaine et à la biodiversité ont été illustrés et les enjeux transversaux (environnementaux, sociaux-économiques, sanitaires et médicaux, etc.) ont été discutés avec les participants.
Ragnar Weissmann, fondateur et directeur scientifique d’Objectif Santé Environnement, a introduit les échanges en rappelant les multiples services rendus par la biodiversité (partie vivante de la nature) à nos sociétés. Par exemple, le rôle de certaines bactéries présentes dans notre intestin pour bloquer certains mécanismes allergiques ou l’importance des micro-organismes (bactéries et champignons) qui jouent un rôle dans la fertilité des sols et assurent la dégradation de polluants. Ce spécialiste en écotoxicologie accompagne, depuis plus de 10 ans, des collectivités, entreprises et établissements de santé dans la prise en compte des enjeux en matière de santé environnementale (qualité de l’air intérieur, perturbateurs endocriniens, gestion des espaces verts, etc.).
Sylvie Dulong, viticultrice, propriétaire du Clos Systey et co-présidente de la Fédération Régionale de l’Agriculture Biologique de la Nouvelle-Aquitaine, est engagée depuis plusieurs années dans l’agriculture biologique. Elle a évoqué un autre exemple de ce que la biodiversité peut apporter dans les systèmes de production : l’utilisation des chauves-souris comme auxiliaires pour lutter contre les insectes ravageurs de la vigne et ainsi, limiter l’utilisation des produits phytosanitaires. « La FRAB NA défend une agriculture qui dynamise l’économie locale et préserve l’environnement et la santé des consommateurs. Nous devons prendre soin de la biodiversité sauvage et cultivée pour une alimentation de qualité (variée, nutritive et sans pesticide). Pour cela, nous accompagnons les agriculteurs et les collectivités pour développer la « bio » dans les territoires, de la production à l’approvisionnement dans la restauration collective (scolaire, hospitalière, etc.). »
C’est également à son domicile que l’on peut faire évoluer ses pratiques, par des gestes simples, pour limiter les pollutions (ex : limiter la fréquence d’utilisation de certains produits, remplacer les produits nocifs par des produits éco-labellisés, etc.), comme l’a souligné Marion-Justine Capdeville, chargée de projet environnement. Elle coordonne le programme de recherche REGARD, au sein du Lyre (Suez Eau France), avec pour objectif d’étudier les micropolluants (ex : résidus médicamenteux, pesticides, métaux…) dans les eaux urbaines (eaux usées, eaux pluviales et eaux du milieu naturel) de la métropole bordelaise et de proposer des actions concrètes de réduction à la source. Car les micropolluants représentent un enjeu environnemental et sanitaire majeur. Actuellement en cours, la deuxième phase du projet permet de tester la mise en œuvre de certaines actions dans des familles de l’agglomération et avec le CHU de Bordeaux, et d’en évaluer les gains environnementaux et socio-économiques.
Sur la métropole bordelaise, Elisabeth Fournier, coordinatrice paysage et Nature à Bordeaux Métropole et vice-présidente d’Hortis, souhaite partager et mettre en œuvre une culture « paysage » qui contribue à la fois à la préservation de la biodiversité et à la qualité du cadre de vie de la population urbaine. Elle pilote divers projets et accompagne les collectivités dans l’évolution de leurs démarches en faveur de villes-nature, reposant notamment sur une urbanisation maîtrisée, une gestion écologique des espaces verts publics et privés et le maintien d’une trame verte et bleue, vecteur de lien social et continuité écologique nécessaire à la survie de la faune et de la flore.
Marie Larcher Essamet, chargée de projet à Biodiv’AirSanté développe actuellement un projet pilote à Saint Laurent Médoc avec l’association Hortanimus : la conception et la création d’un parc écothérapeutique, avec des jardins de soins pour accueillir les personnes souffrantes de stress chronique (burnout, etc.). L’objectif est de pouvoir démontrer et quantifier une idée largement admise et déjà prouvée par certaines études scientifiques, c’est à dire le fait que la nature a des effets positifs sur la santé morale et physique, et de mieux comprendre les mécanismes d’interactions Homme-nature afin de les utiliser à des fins thérapeutiques.
© crédits photos : ARB NA.
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